La mondialisation en crise

Quentin RAVELLI
Chercheur au CNRS, Ecole Normale Supérieure, Centre Maurice Halbwachs

La mondialisation est un processus fortement contesté, dont la définition est particulièrement floue. Néolibéralisme, ouverture des frontières, libre-échange, délocalisation, fin de la société industrielle ou des États souverains : ses significations sont si changeantes que ses défenseurs, comme ses opposants, appartiennent à des courants politiques souvent inconciliables. Ce cycle de conférences l’abordera dans son contexte historique, en montrant qu’elle est loin d’être un phénomène récent mais existe au contraire depuis l’Antiquité. Pourtant, la rupture de la fin des années 1970 impose une réflexion concernant les mutations récentes de nos sociétés – en particulier sous l’effet de la financiarisation – et leurs remises en cause, de la part des gouvernements comme des mouvements sociaux. On s’intéressera plus particulièrement aux relations entre la mondialisation et les crises, en privilégiant une approche concrète et sociologique, à partir de cas observables dans différents pays. Fermetures d’usines, montée du nationalisme, remise en cause de la légitimité des dettes mondialisées ou encore contre-sommets internationaux feront partie des exemples abordés. De la crise de la Compagnie des Mers du Sud de 1720 à celle des crédits à risque de 2008, on verra que les formes de production et de circulation des marchandises jouent un rôle déterminant pour comprendre la logique de ces crises et leur diffusion internationale.

 

Bio-bibliographie de l'enseignant :

Quentin Ravelli est chercheur en sociologie au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), à Paris. Il s’intéresse aux crises économiques et à leurs conséquences politiques, en particulier depuis 2008.  Après avoir travaillé sur l’industrie pharmaceutique – La Stratégie de la Bactérie (Le Seuil, 2015) – il a suivi les mouvements sociaux espagnols contre les dettes populaires, à l’origines d’importants changements dans ce pays : son film Bricks – De la spéculation au soulèvement (Survivance, 2017), puis le livre Les Briques rouges. Dettes, logement et luttes sociales en Espagne (Amsterdam, 2017), présentent ces recherches. Dans ses articles – voir « quelques publications » – il aborde des questions plus spécifiques : la construction d’un mouvement social contre les banques, les relations avec les partis politiques, les théories de la naissance du capitalisme, l’opposition entre valeur d’usage et valeur d’échange pour mieux comprendre les marchandises. Il est membre du Centre Maurice Halbwachs (ENS/EHESS) et enseigne à l’École des Hautes Études en Sciences sociales.

Quelques publications

 

Ravelli, Q. (2019, à paraître). “Fighting Against Banks: When Financial Markets Gave Birth to a Working-Class Movement”. Socio-Economic Review.

Ravelli, Q. (2019, à paraître). « Le capitalisme a t-il une date de naissance ? » Tracés (36).

Ravelli, Q. (2018). « De la rue au parlement : Podemos ou les contradictions de la gauche radicale dans les institutions ». Politika.

Ravelli, Q. (2018). « Peut-on parler d’un mouvement postcolonial en Espagne ? "Jour de la Race" et lutte indigène contre les banques ». Mouvements2(94).

Ravelli, Q. (2018). « Financiarisation et classes sociales : introduction ». La Revue De La Régulation (Avec Benjamin Lemoine).

Ravelli, Q. (2017). “Financial Backlash: When Local Bankers face Social Protest”. Dans Valérie Boussard (éd.), Finance At Work (Routledge.). New York.

Ravelli, Q. (2017). Les briques rouges. Dettes, logement et luttes sociales en Espagne (Amsterdam.). Paris.

Ravelli, Q. (2017). « Mixité au travail et nouvelles inégalités : le cas de l’industrie pharmaceutique ». Les Cahiers Du Genre1(62), 203-222.

Ravelli, Q. (2015). La stratégie de la bactérie Une enquête au cœur de l’industrie pharmaceutique (Le Seuil.). Paris.

Ravelli, Q. (2014). « La fabrication de principes actifs, entre expérimentation et productivité ». Dans Les Travailleurs Du Médicament. L'industrie Pharmaceutique Sous Observation (Eres., p. 107-130). Toulouse.

Ravelli, Q. (2014). “Marketing epidemics: when antibiotics promotion stimulates resistant bacteria”. Studies For The Social History Of Medicine.

Ravelli, Q. (2013). « Le charme du ladrillo ». Vacarme, (63).

Ravelli, Q. (2011). “Medico-marketing between use value and exchange value. How political economy sheds light on the biography of medicines”. Medische Antropologie, 23(2).

 

Programme :

Attention : Tous les cours et séminaires ont lieu dans la salle P10 du GUM 2

 

Mercredi 27 mars 2019, 17h00-20h00

Cours magistral 1 (avec traduction simultanée):      

Les longues histoires de la mondialisation

 

Jeudi 28 mars 2019, 17h00-20h00

Cours magistral 2 (avec traduction simultanée) :    

La mondialisation financière et ses conséquences

 

Vendredi 29 mars 2019, 17h00-20h00

Séminaire 1 (sans traduction simultanée) :

Les crises de la mondialisation

 

Samedi 30 mars 2019, 10h00-13h00

Séminaire 2 (sans traduction simultanée) :

Comment raconter la mondialisation : chiffres, films et observations

 

Lundi 01 avril 2019, 17h00-20h000

Cours magistral 3 (avec traduction simultanée):      

Local, global, « glocal » : quelle sociologie pour la mondialisation ?

 

Mardi 02 avril 2019, 17h00-20h00

Séminaire 3 (sans traduction simultanée) :  

Pétrole, médicament, sel, crédit à risque : la place des marchandises dans la mondialisation

 

Mercredi 03 avril 2019, 17h00-20h00

Cours magistral 4 (avec traduction simultanée) :

Les contestations de la mondialisation

 

Jeudi 04 avril 2019, 17h00-20h00

Séminaire 4 (sans traduction simultanée) :

 Les conséquences politiques de la mondialisation : vers un repli national généralisé ?

 

Bibliographie du cours :

Références précédées d’un astérisque (*) : courts ouvrages de synthèse ou textes classiques

 

ARRIGHI G. (1994), The Long Twentieth Century: Money, Power, and the Origins of Our Times, Londres, Verso

BANAJI Jairus, 2018, « Salvioli et la controverse du capitalisme antique », Période

BECKERT Sven, 2014, Empire of Cotton. A new history of global capitalism, New York, Vintage Books

*BELL D. (1973), The Coming of the Post Industrial Society, New York, Basic.

BENTEMESSEK Kahia Nesrine (2010), « La bulle des mers du Sud, ou le ’too bigg to fail’ avant l’heure », L’économie politique, 2010/4, n°48

*BURAWOY Michael (1998), “The Extended Case Method”, Sociological Theory, 16(1)

CALHOUN Craig (2013), « Occupy Wall Street in perspective », British journal of sociology, 64(1), p. 26-

CHAUVEL Louis (2016), La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Le Seuil, Paris

*CHOPLIN Armelle et PLIEZ Olivier (2018), La mondialisation des pauvres. Loin de Wall Street et de Davos, Le Seuil, Paris

CLARK T. N. & LIPSET S. M. (1991), « Are Social Classes Dying? », International Sociology, 4

DYMSKI Gary (2009), « Racial Exclusion and the Political Economy of the Subprime Crisis », Historical

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*EL MOUHOUD Mouhoud (2017), Mondialisation et délocalisation des entreprises, La Découverte, Paris

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*MICHALET Charles-Albert (2002), Qu’est-ce que la mondialisation ? Petit traité à l’usage de ceux et celles qui ne savent pas encore s’il faut être pour ou contre, La Découverte, Paris

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*SASSEN Saskia (2014), Expulsions: Brutality and Complexity in the Global Economy, Cambridge,

SIMEANT Johanna et POMMEROLLE Marie-Emmanuelle (2011), Observing Protest from a Place. The World Social Forum in Dakar, Amsterdam University Press

TILLY Charles et Kousis Maria (2005), Economic and Political Contention in Comparative Perspective, Paradigm, New York

*TOURAINE Alain (1969), La Société post-industrielle. Naissance d’une société, Paris, Denöel.

TRIVELLATO Francesca (2016), Corail contre diamants. De la méditerranée à l’océan Indien au XVIIIe siècle, Le Seuil, Paris

*VELTZ Pierre (2017), La société hyper-industrielle. Le nouveau capitalisme productif, Le Seuil, Paris

WEBER Max, 1998 [1924], Economie et société dans l’Antiquité, Paris, La Découverte